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Petit village du Diois situé à 391 m d’altitude d’une superficie de 10 Ha, dans une commune qui  compte 1007 ha, aux portes de la vallée de Quint, il s’étire sur un coteau avec d’un côté la rivière Drôme et de l’autre la Sure qui descend du Pays de Quint.
Le nom de Sainte-Croix apparaît en 1104. Il désigne une église dédiée au culte de l’instrument du supplice de Jésus Christ. Le village existe sûrement depuis plus longtemps.

Les habitants s’appellent les Saints-Cruciens et les Saintes-Cruciennes

Le village est dominé par la colline où se trouvent les ruines d’un château médiéval « Les Tours de Quint ». La montagne des Tours de Quint n’est accessible que du côté du village. Les trois tours datent du 11e siècle. Au pied de la montagne à Saint-Girard on a retrouvé les ruines d’un ancien village ainsi que des tombes intactes proches des murs d’habitation. Les vestiges de ces fouilles sont au musée de Die. 

A cet endroit passe un itinéraire romain qui part de Die et rejoint Eygluy et la vallée de la Gervanne en remontant le cour de la Sure et l’actuelle rue principale de Sainte-Croix. Au bord du chemin près du confluent de la Sure il y avait une construction dont il reste des ruines qui s’appelait « le château de Saint Girard ». Nous ne savons pas si c’était un poste de surveillance ou un péage. Sainte-Croix était un lieu de passage. Il est possible qu’il ait été habité depuis fort longtemps. 

Le pont actuel sur la Drôme a remplacé un pont romain. 

Histoire du village liée au monastère.

La particularité de Sainte-Croix reste son monastère du XI siècle, de l’ordre de Saint Antoine. On ne sait pas si les moines ont construit le monastère, postérieurement autour de l’église ou bien si les édifices ont été érigés en même temps, ce qui paraît plus probable. 

A cours des guerres de religions le monastère et l’église furent pillés par les Huguenots. En 1631 il ne reste que des ruines et depuis la cour du monastère on peut voir l’ancienne construction et la nouvelle qui fut édifiée quelques 200 ans plus tard. L’ancien temple situé dans le haut du village est détruit en 1664les femmes du village font de la résistance. Par la suite les catholiques gardent l’autel de l’église et donnent le reste du bâtiment aux protestants, sous condition qu’ils construisent un mur de séparation (pendant la nuit selon la légende). 

En 1644 l’évèque de Die interdit la sépulture des protestants. Les catholiques utilisent le cimetière jusqu’en 1795. Les protestants inhument leurs morts dans leurs champs. On recense une trentaine de sépultures privées dans les frontières de la commune. 

En 1691 les religieux sont remplacés par un rentier de la communauté, un accord intervient entre ce rentier et le grand vicaire de Die « toute l’église et ses ruines sont remises au curé de Sainte-Croix ». Au cours des grandes réformes de la révolution de 1789 le clergé et la noblesse sont dépouillés de leurs biens et la famille Grangier, notable du village, devient attributaire par un bail emphytéotique, jusqu’en 1840 où ils deviennent propriétaires au cours d’une vente aux enchères pour la somme de 12 050 Francs. 

Manuscrit

Saint-Antoine et moine dominicain - Gallica

 A cette époque commence un long procès entre la famille Grangier et la commune de Sainte-Croix. Grangier considère avoir acquis la totalité des bâtiments ainsi que l ‘église et les cimetières attenants (qui forment actuellement la place du village). La commune revendique l’église et le cimetière, elle aura gain de cause. 

Après la famille Grangier, le monastère devient la propriété d’une association religieuse. Les religieuses qui l’habitent créent une école libre avec un internat pour les filles catholiques de la commune et des environs, elles organisent des retraites et font construire la salle des fêtes. 

Le village actuel est composé de maisons anciennes, le hameau des « Morins » était autrefois très peuplé. Certaines maisons datent du 18ème siècle. On compte aussi dans l’histoire du village la construction d’une église de la mission du Diois en 1874. Le clocher ne sera jamais terminé. L’église  fut détruite en 1894 suite à un coup de foudre.

En 1914 la commune comptait jusqu’à 240 habitants, actuellement il en reste à peine une centaine . Sainte-Croix a eu son bureau de poste ainsi qu’une gare SNCF : la gare de Pontaix-Ste Croix et une garde-barrière. 

Gare Pontaix/Sainte-Croix - Philippe Brenet - 1970
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L’élevage était présent dans toute les familles d’agriculteurs, mais aujourd’hui c’est la viticulture qui a pris le relais . Il y a eu trois producteurs indépendants  (lire ici), deux ont pris leur retraite sans successeur ; le troisième, Achard-Vincent, est toujours en activité. C’est le petit-fils qui a repris la propriété. Les autres producteurs de clairette adhèrent à la Cave Jaillance de Die et y portent leur raisin . Les noix, la lavande et quelques céréales complètent les exploitations de chacun. Cinq artisans-commerçants étaient encore en activité il n’y a pas si longtemps.

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Commerces

Le quartier du Pont fut riche en commerces. Mr Armand avait ouvert un café et une boulangerie dans l’actuelle maison  Grangeron, puis fait construire un bâtiment ou il installa ses deux commerces. C’est là que se trouvait le restaurant «L’ Auberge de la Clairette».   Une mercerie tenue par Mme Grangeron et un bureau de poste remplaçaient le café et la boulangerie dans l’ancien bâtiment.

La famille Maillet avait ouvert un café et une épicerie dans le village, maison de P. Monier,  avant de faire construire la maison qui se trouve à l’entrée du village et de déménager leurs commerces.

La maison  Aubert , actuellement Laudet, abritait un café mais aussi une épicerie.

Sur la place la famille Poulet tenait bureau de tabac et café.

L’épicerie Thomé , actuelle maison Bellier, déménagera dans la maison actuelle de  Nellis ‘(voir ici)

Il faut remonter dans le temps pour découvrir d’autres boutiques dans le haut du village comme  « l’Auberge du Raisin » (voir ici), dans la maison de G. Garcin, et peut-être d’autres…
Il ne faut pas oublier l’ancien presbytère qui a aussi eu un café et une épicerie

L’entreprise Nateva s’était installée au moulinage vers 2003. Pour des raisons d’agrandissement elle a déménagé, en 2013, à Die.

Le village a encore son école grâce à un regroupement avec Vachères et Pontaix. Avec l’espoir de nouveaux logements, la commune veut attirer du monde et surtout des familles avec enfants.

Feuilles de Quint n°10 et 14