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Né en 1932, le Père Marie Grégoire est entré au monastère bénédictin Fleury à Saint Benoit sur  Loire en 1951. Il fait ses premiers vœux  monastiques  le  19  novembre  1952.
En  1960  il  est   ordonné  prêtre.  Au  monastère  il  fut,  entre  autre  ,  cérémoniaire  et sacristain. Il  embrassa la vie d’ermite en 1965, d’abord en Suisse, puis dans la Vallée de Quint. 

En 1967 il s’installe à Palaire (voir ici) au dessus de Sainte-Croix. Il y reste 4 ans. Toutefois, le bruit de la  route départementale Pontaix- Die le  gênait.  Palaire  était  trop  facile  d’accès.  Les   visites  et  les  curieux  étaient  dès  lors  trop  nombreux.  Monsieur  et  Madame Grandvoinnet   lui ont offert un bout de terrain au dessus de Vachères,  beaucoup  plus difficile d’accès. C’est  là que le père Marie Gregoire   a   construit   sa   cabane   et   un   grand   potager   en  terrasses   où   il   cultivait   pois   chiches   et   pommes   de   terre. Il  avait  2  chèvres   et  faisait  son  fromage. 

Quand  nous  sommes  venus  nous  installer  à Vachères  au  début  des  années  70,  il  descendait  avec  ses  chèvres  au  village  pour  les  emmener au bouc. A cette époque,  il  descendait  toutes  les 2 semaines  pour  rencontrer  un curé  à Châtillon et en profitait pour aller à la rencontre des gens de Saint-Andéol, Vachères et Sainte-Croix.  

Hélas,  l’endroit  où  se  trouvait  sa  cabane  était  trop  vite  inondé.  Un  nouveau déménagement  fut  nécessaire.  La famille  Achard  de Vachères  a alors  mis  un terrain  à sa ’  disposition et Monsieur Clement de Sainte-Croix l’a aidé à construire son ermitage. 

Père Marie Grégoire est resté à cet endroit jusqu’à la fin. Très régulièrement il avait des visites de tous  les coins de la France. Son père Abbé lui rendait visite tous les ans avec un des frères du  monastère. Il correspondait également avec des personnes partout dans le monde.

 Quelques  fois  il retournait  à Saint-Benoit,  la dernière  fois  pour  ses  50 ans de sacerdoce.  Sa  santé ne s’améliorait  pas avec l’âge; il ne pouvait  plus descendre.  Son  cœur s’est arrêté  fin  novembre  2013 alors qu’il allait  chercher  de l’eau en dessous  de sa cabane.  Il sera enterré  à Saint-Benoit entouré de ses frères vendredi  29 novembre 2013.   Avant son départ une cérémonie  a eu lieu  à la chapelle de Saint-Andéol en présence de beaucoup de ses amis du Diois.
Liek Wartena

Souvenirs d’un homme peu ordinaire (2)

Quand  je suis arrivée  à Sainte-Croix,  il a été une des premières  personnes  qui  venait   voir la tête de la fille qui s’était mariée avec le fils Monge.  Il faut dire qu’au moins deux fois  par an, la famille avait sa visite surtout la grand-mère qui n’avait pas la télé. Quand  les enfants sont nés, il était là la semaine  qui suivait  le retour de la maternité.  Mes enfants se souviendront de lui. Il regardait les devoirs, corrigeait  les fautes et leur  faisait la leçon  quand  ils  lui  parlaient  des  choses  qu’ils  voyaient  à  la  télé . Sa  soutane   noire  les  a  beaucoup intrigués. 

Depuis son installation à St-Andéol les chasseurs et Henri Chauvin ont  été de précieux moyens de communication. J’ai eu l’occasion de le rencontrer à Die quand il venait  écrire son livre, la nuit, dans les locaux de l’écrivain public. La promenade  annuelle chez le  moine était une habitude. Il savait que les gens montaient à telle date et si cela ne se faisait  pas il s’inquiétait de savoir pourquoi. Après le départ d’Henri, d’autres habitants de la vallée   lui  rendaient  visite  et  c’est  ainsi  que  nous  avions  toujours  de  ses  nouvelles.  

Nous  savions bien qu’il voulait mourir dans sa cabane sans déranger personne. Nous  garderons  le  souvenir  d’un  homme,  certes  original,  mais  qui  a  fait  sa  vie  sans  déranger personne dans la discrétion et sans jamais rien demander aux autres, ce qui de nos  jours est remarquable. Son choix de vie lui appartenait. 
Nadine Monge

 Liek Wartena (1) et Nadine Monge (2) ,    feuille de Quint n°16