Cette  histoire  formidable  commence  au  début  du printemps  1965. Jack  et  René,  deux  jeunes  amis de la Vallée de Quint, se sont donnés rendez ­vous à Lallet. Le jour n’est pas encore levé, mais ils sont prêts.  Chacun  va  démarrer  son  engin,  et  ça  va faire du bruit, vous pouvez le croire. Ils ont travaillé à n’en plus finir pour réaliser leur projet commun. Ils vont, à eux deux, créer le chemin qui permettra l’accès au Bec Pointu, ce petit sommet caractéristique  que  tout  le  monde  connaît  et  qui aujourd’hui, peut accueillir promeneurs et touristes.

« Ça  va faire du bruit »

Mais nous n’en sommes pas encore là. Tout d’abord il aura fallu à nos deux amis,  patience, ingéniosité et persévérance pour la construction de leur engin respectif.  De la récupération ou presque. On fait les casses. On soude , on scie, on démonte, on remonte. Un moteur de 2 cv pour René, un moteur de Dina Panhard   pour   Jack,   et   on   soude   encore,   on essaie, on ajuste.

Deux années « à temps perdu » y sont passées. Mais quand on veut, on peut. Et ils y sont arrivés. Deux belles moto­cross. Du solide, du fait ­maison, adapté, puisqu’il y aura même une charrue modifiée, tractable par les motos. Que de glissades,  de rires  et de joie de vivre

«À cette époque ­là il n’y avait pas de normes   idiotes comme  aujourd’hui »,  me  confie  Jack.  «Et nous étions jeunes, auréolés de cette folie  douce  qui déplace les plus belles montagnes». Ils y travailleront de mars à juin, pendant deux ans. L’hiver,  la  terre  est  trop  dure,  et  l’été,  il  fait  trop chaud.

Michel DESSOLIERS,    feuille de Quint n°32