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Constant Richaud, né le 17 mars 1877 à Saint-Julien, était boulanger. Son fils Ulysse reprit durant une année à la suite de son père. Il ne pût continuer plus longtemps à cause des problèmes liés aux poussières de farine qui l’en empêchèrent.

En 1934, Sylvain Richaud, reprit la boulangerie puis le café après son mariage avec Simone Vieux. Il allait chercher le grain au moulin pour faire la farine à Saint-Julien. Il faisait  en moyenne 2 fournées par jour et fournissait toute la vallée de Quint jusqu’à Vachères.

Jusqu’après la seconde guerre, le café et la boulangerie tournaient bien : 
Le matin, il y avait 2, 3 bonhommes réguliers, qui venaient prendre le café accompagné d’un petit verre à pied de gniole locale… Mr Brugier, ancien propriétaire de la maison actuelle d’Yvette Talon, était un des réguliers ; il officiait souvent au village comme  boucher local… c

L’après midi c’était au tour des joueurs de cartes : ils avaient à côté d’eux, leur petit canon de rouge et il ne fallait surtout pas les déranger !… Simone se souvient d’un moment vécu en 1945, « comme si c’était hier » :

Son fils Yves  était né il y a peu et il était dans sa poussette, dans le café. A ce moment, elle s’occupait de servir au café et au pain ; Ce jour là, alors qu’elle était occupée à servir, Yves pleurait … comme beaucoup d’enfants demandant d’être entendu !… mais les joueurs de cartes ne le voyaient pas ainsi : «  mais enlève ton gosse, avec ses pleurs il nous dérange ; on ne peut pas jouer tranquille ! »

Puis la fin de la guerre amena une autre forme de vie de village ; les gens se remirent à faire du pain, et la vente à la boulangerie diminua. Aussi pour palier à cette difficulté, en 1947, Simone et Sylvain débutèrent l’épicerie qui eut un énorme succès ; les gens venaient au café mais ils venaient aussi acheter ce dont ils avaient besoin. 

Les habitués du café étaient pour la plupart des anciens du village ; certains venaient pour passer la journée et échanger de la vie des villages. D’autres, chasseurs, échangeaient sur la journée de chasse passée ou à venir.

Certaines fois, ils invitaient quelqu’un de Die à venir chasser à Quint ; alors ils allaient à la chasse le matin, mangeaient le midi au café puis repartaient sur Die.
Ils allaient souvent chasser le lièvre ensemble à 4 ou 5 ; alors, en fonction de leur résultat de chasse, ils se partageaient le butin ou décidaient de le manger ensemble, au café, en présence de Simone qui le cuisinait.


La grive était aussi un but de chasse très courant à cette période (qui n’est plus aujourd’hui… malheureusement !).

A ce sujet une petite anecdote qu’un journaliste avait réussie il y a quelques années, à soutirer de la mémoire de Simone ; en voici le texte :
« Je me souviens très bien d’une après-midi, j’avais onze ou douze ans, mon père était parti visiter ses trappes vers le Bec Pointu. La nuit approchait, il ne rentrait toujours pas et ma mère commençait à s’inquiéter. Mes frères seraient bien partis à sa recherche mais ils ne savaient pas dans quel sens il avait entrepris sa tournée. Tout d’un coup, ils l’aperçoivent qui revenait. Il marchait lentement et avec peine, l’air tout raide. Ils ont pensé qu’il était blessé ou qu’il avait eu un malaise, et sont allés à sa rencontre. Il était tout simplement rempli de grives! La poche carnier de sa veste de chasse  n’avait pas suffi à les emporter toutes, ni les autres poches, et il en avait mis plein ses jambes de pantalon et même dans sa chemise, partout ! Quand il a eu fini de les vider, ça en faisait un tas énorme sur la table de la cuisine. »   

La grive était l’oiseau d’excellence qui était festoyé le 1er dimanche de février lors de la Saint Blaise… mais cela est une autre histoire… !

Le café épicerie vivait à son rythme ; jusqu’au jour où « Intermarché » à Die s’est installé en décembre 1971 ; « je m’en souviens très bien » dit Simone. Ensuite, très rapidement,  les gens sont allés acheter là-bas et nous avons fermé l’épicerie.

 Simone RICHAUD ,    feuille de Quint n°5

  Texte réalisé dans « l’Alpes » N° 15 : « A table, Saveurs et terroirs », écrit par Mr Philippe Journoud